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Itinéraire d'une amoureuse éconduite

14 avril 2007

En souvenir de l'enfant qui ne naîtra pas... (tome 2)

Cher D., Certaines lettres sont difficiles à terminer... La fin de l'histoire est triste, tu le sais bien... Pour continuer avec l'image du plongeur, j'ai pourtant le sentiment de devoir retourner dans la mer la plus sombre, au fond de mes souvenirs douloureux, pour ensuite remonter un peu plus libre... Week-end de la Toussaint. Ta fille chez sa mère, les miennes avec leur père. Trois jours pour nous. Après nos émotions des semaines qui venaient de passer, j'étais épuisée, mais notre petit invité surprise pouvait garder sa place en toute tranquillité. Je me faisais une fête de te voir seule à seul. Le temps était bien sûr froid et gris, comme souvent à la Toussaint. Le vendredi soir, tu étais venu me chercher au bureau. Nous étions allés chez toi, en scooter. J'aimais bien ces trajets contre toi, nous pouvions même parler. D'ailleurs, nous n'arrêtions pas de parler et plaisanter, te souviens-tu ? Je n'ai jamais dû autant parler avec quelqu'un qu'avec toi. C'est dommage, n'est-ce pas... nous parlions vraiment de tout... Ce week-end s'annonçait sous le signe d'une harmonie simple, paisible et heureuse. Tu étais aux petits soins pour moi. Nous étions comme un couple amoureux, partageant un moment seul à seul et privilégié... enfin, je l'ai anticipé ainsi. Sauf que... Sauf que j'avais eu quelques minuscules saignements intermittents depuis deux ou trois jours, tellement discrets, presque rien, j'avais hésité à appeler ma gynéco, et puis si, quand même. Elle m'avait dit, ce n'est sans doute rien de grave, passez à la maternité si ça devait persister... sinon, la première écho avait lieu le mardi suivant. La crainte d'une éventuelle fausse couche m'avait effleurée, mais j'éloignais cette pensée... Tu m'avais proposé d'aller à la maternité, pour me rassurer... Oh, ce n'est pas si souvent que nous pouvions être seuls, vraiment, ce n'était que trois fois rien, je pouvais attendre mardi... Le samedi avait bien commencé, nous étions bien ensemble... j'étais bien avec toi, c'est douloureux de m'en souvenir, mais j'oublierai. Grasse matinée, petit dej tardif, thé et croissants, tartines, ballade main dans la main, conversation complice... oh, rien d'extraordinaire, mais cela ressemblait au bonheur, simple et paisible, nous étions comme un couple dans l'attente d'un enfant. En début d'après-midi, finalement, nous avons décidé d'aller à l'hôpital pour en avoir le coeur net, "d'un coup de scooter". En riant, nous nous sommes demandés jusqu'à quel terme ton destrier pourrait nous convoyer tous les deux, enfin presque trois !! Il nous faudrait sûrement bientôt arrêter, même si quelques jours avant nous avions vu une jeune femme très enceinte descendre d'une monture semblable ! Nous avons attendu mais pas trop, l'un contre l'autre, en parlant peu... Le contexte de l'hôpital m'a plongée dans le médical, dans l'anticipation d'un problème. Une jeune interne est venue me chercher, je lui ai expliqué. Elle m'a emmenée faire une écho. Elle a appliqué du gel transparent et froid sur mon nombril. J'ai retrouvé les sensations de ma première grossesse. Moment magique, cependant mêlé d'inquiétude, de l'écho. Elle a étalé le gel avec sa douchette et elle est restée silencieuse en balayant mon ventre. Son écran était tourné vers elle, je pouvais le voir seulement en biais ; dans les hôpitaux, les échographies ne sont pas faites pour être montrées aux mamans. Mais j'ai pu apercevoir le bébé. J'ai vu un petit cosmonaute à l'écran. J'ai, très distinctement, vu sa tête, deux petits bras, deux petites jambes. Immobiles. En une seconde, j'ai compris. Il n'y a pas de battement cardiaque, a dit l'interne en tirant un cliché. Elle a éteint sa machine. Le petit cosmonaute a disparu pour toujours. Vous pouvez vous rhabiller. Elle est partie faire je ne sais quoi. J'ai éclaté en sanglots. Je n'ai pas eu besoin de te dire quoi que ce soit en te retrouvant, tu as ouvert les bras pour que je m'y réfugie. L'interne est revenue, elle nous a confirmé la fausse couche. Tu as demandé pourquoi ? dans la plupart des cas on ne sait pas. Elle allait se renseigner pour que je puisse être hospitalisée et opérée, c'était plus prudent. Fin du petit week-end sympa. Nous avons été installés dans une chambre. L'intervention aurait lieu dans la soirée. J'ai beaucoup pleuré, j'étais dévastée, tu me parlais, tu me consolais... Je suis là, je serai toujours là pour toi... la vie ne s'arrête pas, notre histoire en s'arrête pas... je suis là. Mais j'ai vu son petit corps, sa tête, ses bras, ses jambes ! Tu as frémi... Il avait déjà l'air d'un bébé ?! Il a pris alors pour toi une existence et une réalité à titre posthume que le renflement débutant de mon ventre n'avait pas aussi concrètement évoqués. Tu m'as dit que tu étais triste toi aussi, que cela t'aurait peiné davantage encore de voir ce bébé à l'écho... Oui, tu avais argumenté contre ce bébé, mais tu t'étais résolu à sa venue et tu étais peiné et secoué par l'arrêt de sa petite vie. Ces souvenirs ont-ils subsisté pour toi ? Sans doute que non... Ils me reviennent parfois comme une vague déferlante balaie, dans un fracas, une digue un jour de tempête. L'anesthésiste est venu, en me demandant si tu étais mon mari. Tu t'es empressé de dire non, en te levant d'un bond, presqu'affolé qu'il ait pu penser au mariage entre nous ! J'aurais dû m'en alerter davantage. Que cela pouvait-il te faire ? Tu étais le père de cet enfant. Pour le médecin, cela revenait au même, il avait juste besoin d'une raison pour que tu puisses rester dans ma chambre. Je te l'ai dit ensuite, que craignais-tu qu'il pense ? Tu n'es pas de ceux à qui se laissent mettre la bague au doigt, la corde au cou ? Tu avais eu un sourire énigmatique, tu n'avais pas répondu, balayant ce sujet... Mais tu étais gentil et prévenant, ta main n'a guère quitté la mienne pendant ces moments. Plus tard, on est venu me chercher pour l'intervention, je ne voulais pas, je crois que j'ai réussi à effacer ce moment-là de ma mémoire. Blanc. Je sais juste que je déteste être anesthésiée, j'ai l'impression que je vais mourir. Tu as attendu que je revienne. J'étais un peu sonnée... il était tard, tu es rentré dormir chez toi pour revenir le lendemain. Le personnel était gentil avec moi, une infirmière me surveillait régulièrement. Mais j'ai commencé à avoir très mal au ventre, une hémorragie s'est déclarée. L'infirmière a prévenu l'interne. Puis un obstétricien... et un autre, c'était celle qui avait suivi ma 1ère grossesse, comme le monde est petit ! Drôles de circonstances pour se revoir. Elle m'a parlé des filles... elle avait su pour le handicap d'Anaïs... elle était désolée... elle m'a posé quelques questions... C'était surréaliste... Bizarre comment les histoires se télescopent. L'hémorragie s'intensifiait. Ils ont décidé de me réopérer. A vrai dire, entre la fatigue, le chagrin, les suites de l'anesthésie, et il fallait à nouveau m'anesthésier, j'ai eu un moment de vraie panique, j'ai eu réellement peur de mourir, cette fois-ci, toute seule à l'hôpital, sans toi, sans avoir revu mes filles, sans avoir revu non plus mes parents, ma famille, toi seul savais que j'étais ici et tu n'étais pas là... La deuxième intervention s'est bien passée. Rassurez-vous, tout va bien aller maintenant. Je t'ai raconté mes "malheurs" le lendemain matin, tu t'es inquiété a posteriori (tu aurais dû m'appeler !), tu m'as réconfortée, tu t'es gentiment moqué de ma peur, histoire de me faire sourire, j'étais encore en vie ! Nous avons passé un dimanche un peu morne dans cette chambre d'hôpital. Tu m'as aidée à me lever, je ne tenais pas sur mes jambes, tu as appelé l'infirmière paniqué. Rien de grave... J'ai encore pleuré ce jour-là, j'étais désolée d'être de tellement piètre compagnie... Tu as voulu prévenir mes deux meilleures amies, pour leur dire toi, pour éviter qu'elles ne m'appellent mardi après l'échographie... C'était gentil et pensé. J'étais d'une tristesse infinie, tu as été présent, attentionné. J'ai cru d'abord que je ne me remettrais pas de cette fausse couche, j'aurais aimé devenir folle, pour échapper à tout ça. Et puis, si bien sûr, je me suis remise "en quelque sorte", on se remet comme on peut, on fait comme si... Ce bébé était tellement important pour moi, tu ne peux sûrement pas comprendre, surtout avec l'histoire de ma première grossesse, surtout avec le handicap d'Anaïs... À un moment, je lui en ai même voulu à ce bébé de m'avoir abandonnée... et puis je crois qu'il a eu sa raison de m'accompagner un temps, puis sa raison de rejoindre les limbes des innocents... Tu sais c'est bizarre, mais "comme par hasard", c'est en mai/juin, un peu quand ce bébé aurait dû naître, que nous avons traversé notre première grave crise, la déchirure dans laquelle notre relation allait finalement vaciller et s'anéantir... Mais comment imaginer que nous avons partagé cet épisode et qu'il n'en reste rien. Que tu as été gentil, attentionné, et qu'il n'en reste rien. Rien d'autre que mes souvenirs... Que tu aies finalement accepté d'être père d'un bébé avec moi, et qu'entre nous, plus rien ne subsiste ? Après que j'aie décidé, plus tard, après, de ne plus te voir du tout (après que tu aies été tellement "méchant" !!!), tu insistais pour continuer "comme amis" (amis ???), tu as argumenté que tu continuais bien à voir ton ex-compagne. Oui, peut-être, mais c'est la mère de ta fille. Il reste votre fille entre vous, un lien indestructible. C'est alors tout ce que j'ai pu te répondre. J'aurais pu te dire aussi, mes paroles sont restées étranglées dans ma gorge, entre nous, il ne reste rien, rien d'autre qu'un tout petit bébé, à peine un bébé, mort avant même d'être né, avec pour seule sépulture un dossier avec un cliché d'échographie, quelque part dans les archives d'un hôpital parisien... J'ai oublié de te dire. Ma nièce s'appelle Constance.
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30 mars 2007

En souvenir de l'enfant qui ne naîtra pas...

Cher D., J'ai vu mon frère, ma belle-soeur et leur petite fille de 2 ans 1/2, tu sais... elle a l'âge qu'aurait, tu sais... l'enfant que nous aurions eu. Elle est mignonne comme tout, craquante. Je n'ai pas pu ne pas y penser... A cet enfant, notre enfant. Il est dans mes souvenirs, bien sûr... Ce bébé qui s'était annoncé, passager clandestin de notre idylle encore secrète. ... Tu te souviens ?... Quelle surprise ! Quel choc même ! J'étais enceinte !! je me retrouvais enceinte par inadvertance, comme une adolescente inconsciente... à nos âges !!! C'était tellement improbable, moi après une PMA pour mes filles, toi qui n'avais jamais pu avoir un 2e enfant avec ton ex compagne. Et ce bébé qui s'invite... J'avais fait rire ma psy, je te l'avais raconté... elle était persuadée que ce bébé, j'en avais eu tellement envie, que mon inconscient avait organisé sa venue. Elle m'avait dit qu'il en était forcément de même pour toi. Si nous n'avions rien décidé, je ne t'avais pas piégé. Tu n'avais pas nié non plus. Elle a dit aussi que la vie était là, qu'on ne programmait pas tout, c'était récent finalement l'idée de penser qu'on pouvait contrôler l'arrivée des enfants, que contrôlait-on vraiment ?... Oui, même elle a dit tout cela. Oh, tu n'avais pas été enchanté quand je t'avais annoncé, en bafouillant, entre rire et larmes, le test et son résultat. Tu avais été abasourdi... Mais tu m'avais prise dans tes bras en me réconfortant, tu serais là pour moi, quoi qu'il arrive, je pouvais compter sur toi. Tu avais été exactement comme j'avais voulu que tu sois, rassurant, tendre, attentionné. J'avais toujours ce désir d'un autre enfant, tellement fort. J'étais bouleversée et heureuse... un peu angoissée aussi, sinon paniquée ! Mais heureuse, tellement heureuse... C'était comme si la vie recommençait, comme si elle nous donnait une nouvelle chance, je voulais croire en toi, en nous, en l'avenir, au bonheur. Nous étions bien ensemble. Je nous imaginais, famille recomposée, nous avec ta fille, mes filles, le bébé. Oh, tu me dirais, oui, mais vous les femmes, votre romantisme, vos rêves de midinettes... Oui, peut-être, mais j'avais un joli film, mais il était réaliste, je t'assure que tu aurais pu tenir le rôle principal à mes côté.  Et puis, un peu plus tard, très vite, tu m'as montré un autre visage derrière ton masque de preux chevalier défendant sa dame. Tu m'as demandé de ne pas garder cet enfant. Tu ne savais pas si nous allions vivre ensemble, tu avais déjà un certain âge (moi aussi), c'était folie, est-ce que je me rendais compte, comment allions-nous vivre, quel avenir pour cet enfant ? Comment nos filles allaient prendre la nouvelle ? Oui, je peux comprendre, bien sûr, en même temps, si tout le monde pensait à tous ces obstacles avant d'avoir un enfant, et à la faim dans le monde et à la guerre et ses orphelins, et à la couche d'ozone, et... etc... plus personne n'aurait d'enfant. Et seulement pour moi, c'était simplement impensable, impossible de ne pas garder cet enfant. Pour plein de raisons. Alors, nous avons parlé des heures et des heures, tu veux que je te dise, tu m'as soûlée avec tes argumentations. C'était une plaidoirie, partie civile contre la défense. Thèse, anti-thèse. Tu voulais me raisonner, tu voulais que je raisonne. Mais le coeur a ses raisons, figure-toi... Oh, et puis, oui, j'y viens, je n'oublie pas, tu m'as asséné que je n'avais pas le droit de donner à cet enfant une soeur handicapée... Nous y sommes. C'était à ce moment, en fait tu vois, le début du commencement de la fin. J'aurais dû comprendre... Oh, tu as dû vouloir tout essayer. Cela devait être ton arme fatale. Tu m'as planté un couteau dans le coeur... tu m'as fait tellement mal. Quand on a eu un enfant handicapé, on n'a pas le droit d'en avoir un autre, pas le droit de faire subir ça à un autre enfant ? Je ne suis pas maudite. Je ne suis porteuse d'aucune malédiction. Et très simplement, je ne crois pas que le handicap soit non plus un drame horrible, insurmontable, "c'est la vie", la vie avec ses souffrances, mais c'est la vie, je n'ai pas envie de le vivre comme une désespérance, je n'ai pas envie de me condamner au malheur. Je gardais le droit d'avoir un enfant, le droit de croire à la vie. La venue d'un enfant au monde est un espoir, une promesse. Et cet enfant pouvait accepter sa grande soeur handicapée... J'ai fini par te répéter seulement une idée, la même développée, que je gardais ce bébé, que je le voulais, que je l'avais désiré depuis longtemps, que je ne l'avais pas cru possible, qu'il arrivait à l'improviste, peut-être, mais j'aime les surprises, tu vois, que tu pouvais me quitter si tu voulais (j'avais tenté le tout pour le tout moi aussi, d'ailleurs tu ne m'avais pas fait ce chantage, et je t'en suis reconnaissante), mais que je gardais ce bébé. Tu pouvais me dire tout ce que tu voulais, toutes les horreurs, je te répondais seulement ma détermination. Qu'est-ce que tu peux être têtue !! me répondais-tu, las de ne pouvoir me faire entendre raison. Oui, ça peut m'arriver... Je crois à la vie, je pense que je suis fondamentalement optimiste, même si des ennuis surviennent, s'accumulent, parfois, il me semble que j'ai des réserves insoupçonnées d'espoir (enfin, il m'arrive, souvent, aussi de douter... peut-être que j'avais des réserves d'espoir avec toi ! j'avais). Je suppose que ce qui nous différencie, finalement, est que tu es sans doute fondamentalement pessimiste. Toujours est-il, qu'alors, ma résolution a dû finir par te convaincre. Tu t'es comme fait à l'idée. Je dû te transmettre un peu de ma croyance dans la vie. Tu as compris que tu ne pourrais contre le choix de mon coeur, tu m'avais dit oui, on ne peut pas tout prévoir, le pire peut certes arriver, mais le meilleur aussi, oui, l'avenir peut faire peur, mais il peut être heureux, on peut tout faire pour, il est ce qu'on en fait... Il y a des histoires heureuses. La nôtre était atypique certes, mais nous étions bien. Tu n'avais pas cessé d'être tendre et gentil, en dehors de tes plaidoiries... Tu m'as alors épargné tes plaidoiries... Mon petit film s'est matérialisé. Après quelques scènes un peu dramatiques, quelques dialogues tendus, le scénario prenait un tour plus serein. Tu me prenais dans tes bras, tu posais tes mains sur mon ventre, tu parlais du bébé, c'est sûrement un garçon, un emmerdeur !... (tiens c'est drôle, je croyais qu'il y avait surtout des emmerdeuses...). Tu allais en parler à ta fille, tu lui dirais... enfin, tu hésitais, mais tu envisageais de lui dire, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La nouvelle, bonne et mauvaise, était qu'elle allait avoir un petit frère ou une petite soeur. Tu me donnais des conseils diététiques : viandes et poissons, légumes, fruits, yaourts... plus question de prendre un sandwich sur le pouce quand j'étais speed au bureau, pas trop de café non plus... tu me disais de ralentir le rythme, de prendre soin de moi... Ta mémoire sélective a-t-elle effacé cette attention que tu avais pour moi et le futur bébé ??... Je ne saurai pas... J'avais consulté à la maternité, l'hôpital où j'ai accouché des filles. Un nouveau dossier était ouvert. J'allais bénéficier d'un suivi spécialement attentif, mais vous savez que vous n'avez pas de risque spécifique, oui, je savais. Tu avais noté en grande cérémonie, avec théâtralité, en t'agenouillant devant moi, le rendez-vous de la 1ère échographie dans ton agenda pour m'accompagner. Tu me disais en hochant la tête, sourire aux lèvres, mais tu te rends compte de ce que tu me fais faire ??!! Tu te rends compte ??!! A mon âge ?!... Tu ponctuais tes paroles d'une pichenette sur mon ventre... J'étais heureuse que tu te sois résolu à l'espoir, à la gaité, à la vie. J'ai tous ces souvenirs, je vois encore ton sourire, je pourrais presque avoir la sensation de tes bras autour de moi... cette mémoire subsiste douloureusement en moi... Et il faut que je m'interrompe, comme un plongeur épuisé qui doit revenir à la surface reprendre son souffle... (cette image n'est pas de moi, mais elle me plaît bien). Alors, à bientôt... peut-être.
26 mars 2007

Lettre à l'absent

Cher D.,

Je voulais te dire que je pense toujours à toi.
A notre histoire.

D'amitié d'abord... puis d'amour. (Enfin, d'amour, je ne sais plus très bien...). D'amitié amoureuse...

Je te faisais confiance. Je croyais te connaître. Depuis toutes ces années, je pensais que tu étais un ami, un vrai, un ami sûr, un ami pour toujours. Celui que je croyais connaître, sain, équilibré, gentil, tendre, prévenant,...pas celui dont j'ai aperçu le visage cynique et égoïste les derniers temps.

Et la vie nous avait rapprochés.
Nous étions bien ensemble, tu te souviens ?

Nous avons tant et tant partagé, des conversations jusqu'à pas d'heure, des éclats de rire et des plaisanteries complices, de la tendresse et des mots doux... Tu te souviens ?
Avec toi, j'ai eu le sentiment d'être réunifiée, d'exister à nouveau pleinement, de croire au bonheur et à l'avenir. J'étais joyeuse, légère, amoureuse, j'avais des ailes et la vie me semblait belle et pleine de promesses.

Nous avons vécu des moments heureux, gais, harmonieux, tranquilles... Tous les deux seuls, ou avec nos filles. Nous ne leur avions rien dit, nous avions été d'une totale discrétion, mais elles avaient tout compris, tu sais bien ! Leurs remarques nous faisaient sourire et nous jouions entre nous à les prendre pour des agents secrets. Ta fille m'appelait "chère belle-mère" en riant, quelques "papa" avaient échappés à Clara... elles nous disaient "on vous laisse les amoureux !" mortes de rire, ravies de leur astuce... nous faisions semblant de nous en offusquer, elles se moquaient de nos dénégations...

Ta fille avait réclamé que nous venions vivre chez toi. Tu avais ri... "Quoi !?! toutes les trois !!?? Anaïs aussi !!??"
Sur le moment j'avais ri aussi avec toi. J'avais déjà plaisanté avec toi au sujet du handicap d'Anaïs. Ce n'est pas tabou et l'humour n'est pas interdit ! C'est aussi une façon de conjurer les aspérités de la réalité.
Sauf que je me suis aperçue que pour toi ce n'était pas des blagues.

Je n'ai pas compris...
Je n'ai toujours pas accepté tout ce que tu m'as dit à cause d'Anaïs. Je n'ai pas compris parce que cela ne correspondait pas à ce que nous vivions, à ce que je croyais savoir de toi.

Tu m'as dit qu'avec Anaïs, tu ne pourrais jamais t'engager dans quoi que ce soit auprès de moi. Que cela rendait vaine toute implication dans notre relation. T'es-tu rendu compte de la résonance de ces paroles en moi ? de toutes leurs implications ? du mal que tu m'as fait ?

Tu ne voulais sans doute pas aliéner ta liberté à une femme aliénée par son enfant handicapée... Tu voulais pouvoir voyager, parcourir le monde, larguer les amarres... mais je ne t'en aurais pas empêché, j'aurais même voulu t'accompagner parfois...
Avec toi, j'aurais été au bout du monde... nous en avions parlé, tu te souviens, nous avions fait des plans sur la comète au Brésil, c'était notre rêve éveillé, créer un hôtel, un petit restaurant là-bas sur la plage... et les gens sont tellement tolérants, y vivre avec Anaïs aurait été facile, me disais-tu... Et puis les derniers temps, tu m'avais interrompue, arrête de parler du Brésil, c'est stupide, de toute façon, jamais tu ne pourras y aller à cause d'Anaïs. Il faudrait savoir...
Et que je sache, tu n'y as pas été, et tu n'as pas voyagé... Oh, cela devait être la liberté dans ta tête ?... mais moi je la garde la liberté dans ma tête... tu sais qu'il y a des personnes qui voyagent dans leur fauteuil roulant ?

Est-ce aussi à cause d'Anaïs que tu n'avais pas voulu révéler notre relation aux amis qui ne nous connaissaient pas ensemble ? Je croyais que nous prenions notre temps, que pour vivre heureux il faut vivre caché... que plus tard... Mais en fait, peut-être avais-tu honte de moi à cause d'elle ? d'elle et moi ? tu la rejetais tellement que tu me rejetais moi aussi avec elle ? tu ne m'aimais pas assez pour l'aimer elle aussi ? Tu ne voulais pas t'engager auprès de moi, ni auprès d'elle, tu ne voulais pas en parler ?...

Je n'ai pas compris... parce que je ne t'ai jamais demandé de devenir son père, ni celui de sa soeur, et pourtant tu as joué un rôle paternel auprès d'elles, de ton plein gré, et tu étais très bien d'ailleurs dans ce rôle, et cela n'a pas semblé te déplaire. Tu me proposais même ton aide pour accompagner Anaïs, j'ai rarement accepté, parce que justement, je ne voulais pas te faire endosser de responsabilité trop lourde.

Et puis tu m'as dit, cerise sur le gâteau, que tu ne voulais pas imposer une enfant handicapée à ta fille comme presque soeur... comme si c'était insupportable... comme si elle n'était pas capable de l'accepter, de vivre "ça", ta fille... Mais que veux-tu lui apprendre ? Et je crois que tu ne lui imposais rien du tout, elle ne rejetait pas Anaïs, Anaïs et son handicap ne la gênaient pas tant que cela, Anaïs la faisait rire... et toi aussi ! Oh, il y avait eu quelques disputes et cris entre les filles parce qu'Anaïs est parfois casse-pieds... mais tu en connais des relations humaines lisses et égales (et ennuyeuses !) ?... Tu étais le premier à dire avec moi que finalement Anaïs était la plus sage quand les autres donzelles se chamaillaient, tordaient le nez sur nos bons petits plats ou traînaient les pieds pour nous suivre en balade...

Pour un défenseur de la paix et des droits de l'homme, de la justice et de l'équité, je n'ai pas compris que tu fasses cette différence. Je les ai vite trouvées, tu vois, les limites de la tolérance et de l'engagement humanitaire...

Que je sache, Anaïs ne t'a pas dérangé pendant plus d'un an, et non plus pendant toute la période de tes patientes manoeuvres d'approche (que je n'avais pas comprises, tu te souviens ?...)... Et puis, tu la connaissais avant Anaïs, tu savais... c'est même toi qui m'a fait découvrir ce beau texte de Linda Lemay, ceux que l'on met au monde ! Quand j'y pense... Je le lis toujours de temps en temps avec émotion (et il me fait penser à toi), je croyais que tu comprenais...
Que s'est-il passé ? que s'est-il passé en toi ?...
Oh, oui, je me souviens, tu as été "réveillé" par cette amie qui nous a demandé quand nous allions révéler notre idylle... et par cette autre amie qui t'a interpellé pour savoir quand nous allions nous installer ensemble (de quoi se mêlaient-elles !?)...

Mais tu vois, je n'avais rien exigé. Je pensais que nous prenions notre temps... "qui va piano, va sano"... que nous construisions sûrement...
Notre mode de vie me convenait : un peu chez toi, un peu chez moi, le week-end, une soirée, un déjeuner, un café, un thé, des vacances... avec ou sans nos filles, et nous nous voyions très souvent, dès que c'était possible.
Je n'étais pas sûre de vouloir que nous habitions ensemble...
Ah oui, tu t'es méfié, tu étais sûr que je t'en demanderais plus un jour... tu sais que les femmes en demandent toujours plus... Et alors ? pourquoi ne pas risquer ? pourquoi ne aller aussi loin, encore plus loin ? pourquoi ne pas faire un chemin ensemble ?...

Je n'ai toujours pas compris, tu vois. Et ressasser des suppositions sans réponse, ne m'aide pas à mieux comprendre. J'ai du mal à superposer sur ton visage, sur ton image, un masque plus sombre, dur, impitoyable... Replonger dans mes souvenirs heureux avec toi, et moins heureux, m'est douloureux... et je ne sais pas encore bien exorciser le chagrin.

Je ne sais si tu penses encore à moi, à nous...

Alors je te dis "adieu"... "adieu" comme disent les gens du sud, comme au-revoir... comme adieu... comme je ne sais pas...

13 juin 2006

Figure-toi...

J'ai du mal à raconter notre histoire à ces pages, à ces visiteurs peut-être, à toi ? Pourtant je voudrais hurler pour que tu m'entendes. Je voudrais tout te raconter encore pour que tu te souviennes. Que tu m'expliques, que tu sois désolé... C'est difficle d'écrire noir sur blanc le début, le milieu, la fin comme dit Sophie (tiens, tu les entend sûrement ses chansons sur Fip... Alors ? et Anaïs ? et Olivia Ruiz ?). Replonger dans les bons moments (je n'ai pas oublié), les conjuguer au passé, induire déjà le désastre final, le relater (tourner le couteau dans la plaie ?). Essayer de comprendre. Comprendre l'avant, le pendant, l'après... essayer... Ou alors oublier. Il fait chaud, ça me rappelle la canicule d'août 2003. Rupture épisode 1. Un cauchemar : la canicule plus un chagrin d'amour. J'ai vécu en enfer dans la touffeur de mon appartement. Entre mes larmes et les bains, je ne me suis pourtant pas noyée. Un jour prochain, bientôt, je vais déménager. Je quitterai cette appartement qui me rappelle toi, dans chaque pièce. Je quitterai aussi ce quartier où nous nous retrouvions pour un café, un dej, un dîner. Ce petit restau, et celui-ci et celui-là. Et celui-là, vraiment bon, vraiment sympa. Tu te souviens... On était tombé sur mes voisins ! Et il est tellement petit ce restau... Mon quartier où nous avons tant marché. Je vais partir et ne plus croiser ces endroits où je te vois encore. Partir. Tant mieux. Et oublier... Ce banc dans ce square où nous avions déjeuner. Et celui-ci dans cet autre square, un autre jour. La Fnac où nous allions. Le bureau où je bossais (ouf, il a fermé, pas de risque de croiser là ton fantôme, tu venais si souvent). Ici tu garais ton scoot. Je peux lire précisément "place de ma mob" que tu aurais écrit à la peinture virtuelle ! C'était dans quel film "place de ma mob" ?? Je te revois m'embrassant, remettant ton casque, m'embrassant à nouveau, pas pratique avec le casque. Je t'embrassais sur le casque, tu riais. Je te revois me tendant un casque quand tu m'emmenais sur ton scoot. Heureusement, je ne passe que très rarement ici. Il y a une autre "place de ta mob" très près de chez moi. Je vois ta place chaque jour. Plus loin, la Porte d'O., la place, le boulevard... notre itinéraire, quand tu m'accompagnais au bureau après que j'aie passé la nuit chez toi, tu revenais me chercher le soir... L'autre jour, je suis allée à Levallois. Hautement improbable Levallois. J'ai pas mal marché depuis le métro pour rejoindre mon rendez-vous, c'est fou comme c'est mal désservi Levallois. Et puis à un angle de rue, une impression de déjà vu, la rue perpendiculaire, la boulangerie... Mais je suis déjà venue ici. Mais pourquoi ? Et puis, le souvenir : nous étions venus chercher ta fille là chez sa grand mère. Nous avions acheté un goûter aux filles à la boulange. Nous étions bien. Il est peu probable que je remette les pieds à Levallois. Tant mieux, j'aimerais oublier. J'aimerais ne pas te croiser à chaque coin de rue. Etre en paix.
3 juin 2006

Photos de mariage

Tu es photographe... comme cadeau de mariage, tu m'avais offert de prendre les photos... Quand nous avons été ensemble, tu m'as dit que j'aurais dû t'inviter à mon mariage pas comme photographe... mais comme mari ! On avait perdu 10 ans. Tu m'as scotchée...
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1 juin 2006

Hôtel la Boule d'Or - Malicorne

C'était... il y a quoi... je ne sais même plus... il faut que je calcule... 4 ans ?!
Malicorne... dans les environs du Mans.
Parce que ta grand-mère habitait là et que tu venais toujours la voir quelques jours en été avec ta fille.
Tu avais proposé d'emmener ma fille en vacances avec la tienne pour deux semaines, vous passeriez quelques jours à Malicorne, puis vous iriez au bord de la mer.

Tu m'avais proposé de vous y rejoindre le week-end. C'était gros comme une maison.

Tu avais pris des chambres à l'hôtel du coin. C'était un petit hôtel-restaurant tout simple, un peu vieillot, vraiment pas cher du tout, de toute façon ça devait être le seul. Tu étais un peu gêné... mais non ne t'inquiète pas, je ne suis pas une princesse, il est très bien cet hôtel. Nous avions dîné et papoté... j'étais bien, heureuse, détendue... Puis nous avons gagné nos chambre, il y avait deux chambres contigües...  Il avait déjà fallu les attribuer.  Qui allait dormir avec qui ? Les filles avaient débattu -longuement- de la question. Nous deux dans une chambre et vous deux dans l'autre !? Evidemment, nous nous étions scandalisés... vous n'y pensez pas ! Nous avions tranché, catégoriques, une chambre de filles et une de garçon. Les filles étaient tellement excitées, j'ai bien cru que nous n'arriverions jamais à les coucher... et il avait bien fallu se coucher en même temps qu'elles.

Tu es revenu plus tard me chercher, je m'étais assoupie. Tu m'as réveillée en me caressant le visage. Nous sommes allés subrepticement dans ta chambre. Il ne fallait pas réveiller les filles. C'était rigolo ce petit côté clandestin. Nous nous retrouvions comme des adolescents, sauf que nous ne nous cachions pas de nos parents mais de nos filles !

J'avais un trac terrible. C'était notre première fois tous les deux... Comment j'allais pouvoir être moi la femme non désirée... non désirable... du mari sans désir ? Comment refait-on l'amour quand on ne l'a pas fait pendant des années ? Comment passe-t-on d'amis à amants ?

Très naturellement.

Tu as été doux, prévenant, attentionné... C'était bien. Déjà tellement, tellement bien...
C'était comme si j'avais 20 ans à nouveau et découvrais l'amour... mieux vaut tard que jamais n'est ce pas ? Je n'étais tombée que sur quelques tocards...

Le lendemain, nous avons fait bien sûr comme si de rien n'était avec les filles. Nous n'allions pas leur casser le morceau, leur faire manger la feuille, comme tu disais. Pourtant, elles ont dû comprendre, finaudes, les enfants ont des antennes, c'est bien connu, ce n'était pas des antennes mais des paraboles géantes ! elles ont dû sentir notre complicité : elles nous ont appelé les amoureux. Bien sûr, nous avons nié farouchement. J'avais envie de te donner la main, de te toucher, de parler les yeux dans les yeux, de vivre d'amour et d'eau fraîche... j'attendais avec impatience la nuit qui allait venir pour que nous soyons seuls tous les deux et puissions refaire l'amour en douce ! Nous avons parlé à mots couverts et double sens toute la journée pour nous faire la "conversation amoureuse" sans alerter nos deux espionnes super perspicaces...

30 mai 2006

Belle Tera

Tu m'avais envoyé un texto, terminant par "je t'embrasse Belle Tera"... Quand nous nous étions parlé au téléphone, tu m'avais demandé comment j'avais perçu ce petit nom. Naïve que je suis, je l'avais apprécié (tu m'embrassais et tu me disais Belle... ça me suffisait...)... tu avais continué "mais tu as compris ?"... Compris ?... Compris quoi ?... nnnon... d'où ça vient ? Tu avais ri... Si tu savais, je ne sais pas si tu apprécierais... Ah bon ??? Devine... Je n'avais rien deviné du tout... tu avais essayé de me guider, mais non, je n'ai pas l'esprit si enclin à faire des jeux de mots, des déclinaisons, des extrapolations, ce que tu veux... enfin pas ce genre là. Tu avais essayé de me guider "si tu mets au masculin ?" Je ne comprenais décidément pas. Mets belle au masculin ? Beau... ? Oui ! et Tera ? ??? Tero ! ... (J'avais entendu "terreau"...) Alors ? ça fait... ? Beau terreau ? (décidément ! quelle c****e !) Oui, c'est ça ! Botero ! Alors ?... Le malentendu aurait pu durer longtemps... Tu m'as redemandé "Botero ! tu connais bien ! le sculpteur !" J'ai compris. J'ai été mortifiée... J'ai ri quand même et j'ai tambouriné ton torse en te traitant d'espèce de mufle, de salaud ! Tu es vraiment gonflé ! Botero, faut pas exagérer ! Tu riais, tu étais bien content de ton coup. Oh allez ! qui aime bien, châtie bien ! Tu me le reservirais plus tard ton Botero. Je faisais 1m66 et m'habillais en 40 ou 42... Depuis notre rupture, j'ai dû prendre 10kg, je suis passée au 44... Ils doivent avoir raison les psys et leur truc qu'on grossit pour s'entourer, pour se sentir moins seul, qu'on mange pour combler un manque...
17 mai 2006

Le livre d'Anne Brochet

Je n'ai pas du tout inventé le titre de mon blog. Il s'inspire plus que largement du "Trajet d'une amoureuse éconduite" d'Anne Brochet. Un petit livre court et dense, des billets concis sur des moments d'un couple, accompagnés de photos. Le début d'une histoire... son déroulement et puis sa déliquescence. Une flagrante impression qu'elle raconte des choses qui ressemble furieusement à mon histoire. Finalement, ça arrive même à des filles belles et en plus célèbres. Le chagrin d'amour est le même.
17 mai 2006

Concert

Je ne sais plus exactement quand... c'était au moment où tu venais déjà très souvent me voir...

Tu m'as téléphoné... vous deviez aller voir Souchon en concert et vous vous étiez disputés ta compagne et toi. Je n'ai pas très bien compris pourquoi... un problème de garde de votre fille pour cette soirée.

Je savais déjà que c'était tendu entre elle et toi... Quant à moi et mon mari... n'en parlons pas... il y a bien longtemps que notre Bérésina était consommée... Juste la comédie qui continuait.

Il n'y avait encore rien d'autre que de l'amitié entre toi et moi, le pensais-je au moins, mais tu t'étais déjà approché de moi. Tu m'as proposé de t'accompagner à ce concert, c'était bête de perdre une place ! J'ai accepté.

Tu es venu me chercher en scooter. Je m'étais changée avant, un peu remaquillée. Je me suis dit que c'était un peu troublant de me faire belle pour toi...

C'était agréable de faire le trajet... enfin, je ne savais pas très bien comment me tenir à toi, je n'osais guère me placer tout contre toi, j'étais un peu gênée de cette intimité physique, comment me placer à une exacte distance, comment me tenir à toi pour ne pas tomber ni déséquilibrer ta moto, sans non plus me coller à toi, "m'accrocher"... Nous avions fait d'autres trajets ensemble et j'avais ressenti ce même trouble...

Le concert était super, Souchon génialissime. J'ai adoré.

Nous sommes allés boire un pot ensuite dans un café. Il était très tard. A nouveau, une intimité à gérer autour de la petite table ronde qui nous forçait à être très près l'un de l'autre. C'est compliqué à gérer parfois la proximité physique, tu sais quand heurter le genou de l'autre peut troubler, alors que le genou de "n'importe qui" ne causerait pas d'embarras. Le moment où un autre parmi d'autres bascule dans un autre bien particulier. Nous avons papoté, c'était sympa...

Nous avons avancé l'un vers l'autre, je crois ce soir là (mais quand était-ce ?).

La chanson d'Indochine "J'ai demandé à la luuuune..." est passée à la radio. J'ai interrompu ce que je te disais pour te préciser que j'aimais bien, toi aussi. Je crois que c'est ce soir là que je t'ai avoué qu'il ne se passait plus rien entre mon mari et moi depuis des années, une sorte de mariage blanc... Un aveu qui venait après tant de confidences l'un à l'autre sur nos couples respectifs, mais de là à te confier que j'étais celle qu'on ne touche plus, depuis longtemps... La femme du mari impuissant. La honte !... Pourquoi te l'ai-je dit d'ailleurs ? Te lançais-je inconsciemment un appel à candidature ??? J'aurais pu aussi me jeter dans tes bras... Au point où nous en étions de nous dire tant de choses... il fallait bien que je te donne cette ultime précision. Tu as été gentil et réconfortant. Tu as bien réagi à mon "'pavé dans la marre"... D'ailleurs qu'aurais-je pu craindre ? que tu sois choqué de ma confidence ? Tu as été sincèrement désolé, tu n'imaginais pas que nous en soyions là, si loin dans le désastre.

Et puis nous avons fini par rentrer. J'étais heureuse de t'avoir pour ami. Nous avions notre "secret" qui nous liait, comme des enfants qui s'échangent une confidence pour se prouver leur amitié.

14 mai 2006

Nous étions amis...

Du plus loin dont je me souvienne, nous nous sommes bien entendus, il y a des relations où le courant passe tout de suite, naturellement, simplement. C'était le cas entre nous. Quand nous nous sommes rencontrés, nous étions très différents. Mais nous nous sentions bien ensemble. Très vite, j'ai senti une sorte d'intimité entre nous, j'étais très à l'aise avec toi. Nous parlions beaucoup, de plein de choses. Je pensais que nous serions amis pour toujours, je disais de toi que si je me trouvais dans l'embarras, un jour, je t'appellerais et que tu viendrais à mon secours, même si c'était à 3h du matin à Marseille. J'étais archi timide, réservée, complexée, quelque peu "provinciale", venant d'un milieu que tu qualifierais de "bourge"... Pour moi, la vie commençait... Tu me semblais bien plus libre, tu étais plus âgé aussi, et tu avais vécu, aimé, tu étais plus mûr. Tu étais photographe, tu avais cotoyé les concerts de rock (Iggy Pop, Sting, The Cure, etc), suivi en Italie leurs tournées. Tu avais flirté, sans complètement les partager, avec les excès des pop stars... Tu avais un peu fumé. Tu étais au début de l'adolescence en 1968, mais ces années de liberté "peace and love" t'avaient marqué. Je le saurai plus tard, après ta séparation d'avec ton Italienne, tu avais eu pas mal d'aventures... Tu n'étais pas un tombeur ni un séducteur pour autant, il y avait même une sorte de timidité chez toi, tu étais plus dans un état d'esprit "faites l'amour, pas la guerre". J'étais à des années lumière.
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Itinéraire d'une amoureuse éconduite
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